Le confinement est une situation inédite de force majeure qui bouleverse toutes les règles sociales et fragilise l’essence même de notre société : le lien humain. Mais bien que ce mode de vie ne fasse partie ni de nos habitudes ni de notre culture, il a été adopté et accepté par tous, pour la riposte commune en temps de crise. Il a créé du lien, de l’inclusion et du sens commun.
La jeunesse africaine et sa résilience se sont bel et bien révélées. Là où nous aurions pensé que la distanciation sociale pourrait nous rendre « fous », nous avons su garder un centre d’aération, l’innovation, et travailler sur de nouvelles perspectives. Chacun de nous s’est engagé, à sa manière, en mettant en relief et en pratique ses valeurs. Il a été essentiel pour tous, et de manière intrinsèque, de veiller au maintien de la cohésion sociale et de la toile humanitaire, car après tout, nous sommes tous les artisans d’un monde authentique et juste, dont le cœur est l’humain et le poumon est le lien social.
Cette crise fut pour bon nombre un déclencheur de conscience. Elle nous a conduit à sacraliser le renouveau et le bien commun. Elle a révélé notre créativité et nos capacités d’improvisation.
Des intelligences se sont donc mobilisées et ont fait naître, une nouvelle forme d’intelligence collective. L’intelligence collective massive.
J’aime à définir l’intelligence collective comme étant de la générosité intellectuelle. Elle nous met en mouvement avec des cœurs prêts à développer de nouvelles aptitudes et à créer de nouveaux liens ! Et durant cette crise, Elle a fait émerger de la convivialité et a contribué à générer des émotions et du sens.
Nous avons besoin de tous pour exister. C’est la véritable philosophie Ubuntu « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ». Le vertueux pouvoir de l’interdépendance et de l’intelligence collective !
Au Maroc par exemple, pays cité comme exemple dans la gestion de cette crise sanitaire de part l’agilité dont il a fait preuve ainsi que par l’implication de la population, plusieurs collectifs et initiatives d’intelligence collective ont émergé. Pour n’en citer que quelques uns : les acteurs du secteur des nouvelles technologies se sont mobilisés au service de la sécurité et de
la facilitation de la vie du citoyen, de la préservation de l’emploi et de la résilience des entreprises à travers l’initiative « SolidariTECH ». Une plateforme d’innovation frugale « muhub.ma » a été mise en place par Maroc Impact, Société Générale Maroc, l’Université Hassan II de Casablanca avec la contribution du HackLab Afrique du groupe Société Générale qui ont uni leurs forces afin d’opérationnaliser des actions à impacts positifs et favoriser l’émergence et l’accélération de projets liés à la gestion de la crise.
Cette crise, nous avons su voir des opportunités. En ont découlé :
– Une digitalisation massive de nos transactions et nos process : Le télétravail jadis considéré comme un effet de mode a été démocratisé et a eu raison de tous. De nombreux environnements de travail collaboratif ont vu le jour et de nouveaux rituels d’intelligence collective sont expérimentés (nouveaux formats de réunion, des séances de priorisation collective des actions…).
– La « décachéïsation » et l’irrigation de nos économies africaines : Le mobile money a été décrété, dans de nombreux pays africains (Maroc, Sénégal, Togo,…), comme étant le seul moyen de percevoir les aides aux ménages octroyés par les gouvernements. La « cashless society » est en marche grâce à la mise en commun des forces et des intelligences collectives des opérateurs télécoms, organismes bancaires et gouvernements pour la gestion de cette transition.
– L’exode urbain. Dans de nombreux pays, les citadins ont pris la direction des campagnes. À Madagascar, en Afrique du Sud ou encore au Kenya, de nombreuses familles ont quitté les villes en période de confinement afin de pouvoir vivre de leurs terres ou simplement de jouir d’un refuge loin des grandes agglomérations. Une opportunité de développement intrinsèque, dans laquelle nous consommons ce que nous produisons et nous produisons ce que nous consommons. Nous avons aujourd’hui l’opportunité de co-construire un continent sous un nouveau paradigme, vers une Afrique équitable et durable.